Description
Extraits du livre
« Nous vivons dans un monde de chiffres. Le simple fait qu’il existe une donnée chiffrée permettant de décrire quelque chose suffit à conférer un statut à ce phénomène. (…) La qualité s’exprime désormais dans la quantité. »
Début de l’introduction, p.11
« Lundi 16 juillet 2007 : Les dernières livraisons des grandes données économiques sont particulièrement satisfaisantes : croissance robuste, tensions inflationnistes maîtrisées, chômage au plus bas. / Nous avons tendance à considérer que ces chiffres sont objectifs. Autrement dit, nous pensons instinctivement qu’ils nous disent une vérité qui n’est pas liée à un point de vue particulier, et qui permet donc de dépasser la subjectivité. / Cette idée ne correspond pourtant que très imparfaitement à la réalité.
[…]
« Vendredi 19 septembre 2008 : Lehman Brothers a fait faillite lundi […] Maintenant, tout le monde en est d’accord, nous vivons la plus grave crise financière depuis 1929. Et nous ne savons pas jusqu’où cela ira. »
« Quelle vérité nous disent les chiffres ? », p.17 et derniers mots du livre, p.294
« Les chiffres sont le produit de conventions techniques de mesure qui ressortissent à des choix ; ils utilisent un appareillage conceptuel qui peut se révéler inapproprié à l’étude des phénomènes humains ; ils se réfèrent à un découpage de l’espace-temps qui mérite discussion. Pour toutes ces raisons, à la fois techniques, théoriques et philosophiques, la manière dont les données économiques sont établies peut être mise en cause. / De telles interrogations ont toujours été légitimes. »
[…]
« Kant a consommé la rupture entre science et philosophie. […] Tout le problème est que cet usage n’est plus pertinent : dans un monde où la causalité s’est complexifiée, approfondie, la simplicité de l’espace-temps, l’absolu des catégories et l’absence d’interaction entre idées et phénomènes ne peuvent plus nous servir de fondement. «
« Faut-il reprendre tous nos chiffres à zéro ? », p. 230-231 et 263
Mots clés :
Du problème « des mots et des choses » à celui « des faits et des chiffres » en philosophie ; importance des conventions de calcul en statistique descriptive (chômage, inflation, croissance) ; limites du calcul des probabilités classique pour les prévisions et sur les marchés financiers (dépendance des observations, queues de distribution épaisses, statistiques non gaussiennes) ; les comptes des entreprises comme origine des statistiques économiques et principes retenus dans les normes comptables ; impossibilité de traiter ces questions dans un cadre issu de Kant ou de la théorie des choix rationnels ; proposition d’articulation entre vérité, norme et pratique dans le champ économique et place à donner au décidable entre le déterminisme et l’indécidable ; vérité inscrite dans un référentiel normatif dont la pertinence par rapport au réel ouvre un espace de discussion.