Philosophie de l’écran. Dans le monde de la caverne

Ce livre porte sur les conséquences à tirer de la nouvelle forme du monde en jeu dans le développement des écrans (cinéma, ordinateur, réseaux), qualifié comme le passage de l’univers infini de la science classique à un système réfléchi. Valérie Charolles dresse le constat que la plupart des concepts que nous continuons à utiliser, marqués par la recherche de formes fixes, notamment le déterminisme, conduisent à ne décrire ce qui se produit que sous la forme de la crise. Elle explore les nouvelles catégories, politiques ou logiques, qui permettraient d’en rendre compte autrement et d’y trouver des prises.

Description

Extraits du livre

« Le monde se conçoit alors comme fini et cependant sans limite. Et il s’organise sous la forme de ce qui apparaît non plus comme l’univers infini de Kant anéantissant notre importance, mais comme un système réfléchi où les différentes strates de la réalité interagissent constamment »

« De l’univers infini au système réfléchi », p. 65

« L’universalité de certains fondements n’emporte pas l’uniformité des comportements ; elle va au contraire de pair avec l’acceptation de subjectivités diverses. »

« La célébrité démocratisée », p.169

« Comment enchâsser causalité et libre arbitre ? C’est la question qui […] a le plus préoccupé la philosophie. […] La défaite du libre arbitre face à la causalité scientifique est en quelque sorte le fond tragique dont se nourrissent beaucoup de pensées qui se réclament aujourd’hui de la philosophie. / […] La solution qui s’est progressivement imposée […] a été de séparer deux ordres de réalité, distinguant ainsi de façon de plus en plus nette ce qui relève de la causalité mécanique et ce qui ressortit au libre arbitre dont est doté chaque homme. […]. / Et si la solution était en fait différente ?

« Temporalité et libre arbitre », p.203-204

« La science et la logique nous ont habitués à rendre compte de façon éthérée d’un monde solide. Il nous faut désormais nous donner les moyens de rendre compte de façon fluide d’un monde meuble. »

« La fin de la naturalité », épilogue, p.240

 

Mots clés :

L’écran (audiovisuel, ordinateur, réseau) comme passage du « monde infini » de la science classique à un « système réfléchi » par comparaison avec la transformation étudiée par Alexandre Koyré dans Du monde clos à l’univers infini ; incapacité du cadre issu des Lumières à rendre compte de cette forme du monde autrement qu’en ayant recours au concept de crise ; nécessité de passer de l’idée de représentation et de relation telle que figurant dans le Tractatus de Wittgenstein à celle d’interrelation pour rendre compte d’un réel fonctionnant en système et en miroir (exemple des marchés financiers et des réseaux sociaux) ; transformation et dissolution des frontières qui ont servi de fondement à la pensée philosophique et politique classique (marchand/non marchand ; public/privé) ; discussion des catégories logiques à même de mieux rendre compte de la forme du réel (problème de la forme de la négation, de la prise en compte de la temporalité et de la capacité à disposer d’énoncés atomiques distincts) ; question des formes de la relation (durable-non durable, nécessaire-contingente, réversible-irréversible) à privilégier dans un cadre de « fin de la naturalité ».

Recensions, presse, médias

 Un puissant coup de projecteur sur la nouveauté si déconcertante de notre monde. […] Valérie Charolles […] avance une proposition décisive pour qualifier cette mutation. De même, explique-t-elle, qu’à l’aube des Temps modernes la science nous a fait passer « du monde clos à l’univers infini » selon le titre fameux du livre d’Alexandre Koyré, nous venons de passer de l’univers infini à « un système réfléchi 

Marcel Gauchet, Marianne, 29 juin au 5 juillet 2013

 À l’évidence, ce projet est fort ambitieux : élaborer une pensée qui, rompant avec la logique et la science « classiques », pourrait rendre compte du monde nouveau qui naît sous nos yeux. Reste à le mettre en œuvre. À suivre.

Roger-Pol Droit, Le monde, supplément livres, 24 mai 2013

 Changeons de cadre, démontre Valérie Charolles, et les états de crise laisseront place à des chemins nouveaux.

Philippe Nassif, Philosophie magazine, mai 2013